• Rimbaud, Les chercheuses de poux - Photo de Marlon Varela

     

    Quand le front de l'enfant, plein de rouges tourmentes,

    Implore l'essaim blanc des rêves indistincts,

    Il vient près de son lit deux grandes sœurs charmantes

    Avec de frêles doigts aux ongles argentins.

     

    Elles assoient l'enfant devant une croisée

    Grande ouverte où l'air bleu baigne un fouillis de fleurs,

    Et dans ses lourds cheveux où tombe la rosée

    Promènent leurs doigts fins, terribles et charmeurs.

     

    Il écoute chanter leurs haleines craintives

    Qui fleurent de longs miels végétaux et rosés,

    Et qu'interrompt parfois un sifflement, salives

    Reprises sur la lèvre ou désirs de baisers.

     

    Il entend leurs cils noirs battant sous les silences

    Parfumés ; et leurs doigts électriques et doux

    Font crépiter parmi ses grises indolences

    Sous leurs ongles royaux la mort des petits poux.

     

    Voilà que monte en lui le vin de la Paresse,

    Soupir d'harmonica qui pourrait délirer ;

    L'enfant se sent, selon la lenteur des caresses,

    Sourdre et mourir sans cesse un désir de pleurer. 

    Rimbaud, Poésies

     


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