• Koltes, Dans la solitude des champs de coton - Photo de Isabela Dorado

     

    Si vous marchez dehors, à cette heure et en ce lieu, c’est que vous désirez quelque chose que vous n’avez pas, et cette chose, moi, je peux vous la fournir ;car si je suis à cette place depuis plus longtemps que vous et pour plus longtemps que vous, et que même cette heure qui est celle des rapports sauvages entre les hommes et les animaux ne m’en chasse pas, c’est que j’ai ce qu’il faut pour satisfaire le désir qui passe devant moi, et c’est comme un poids dont il faut que je me débarrasse sur quiconque, homme ou animal, qui passe devant moi.

    C’est pourquoi je m’approche de vous, malgré l’heure qui est celle où d’ordinaire l’homme et l’animal se jettent sauvagement l’un sur l’autre, je m’approche, moi, de vous, les mains ouvertes et les paumes tournées vers vous, avec l’humilité de celui qui possède face à lui qui désire ;et je <script src="http://www.blogg.org/admin/jscripts/tiny_mce/plugins/imagemanager/language/index.php?type=im&format=tinymce_3_x&group=tinymce&prefix=imagemanager_" type="text/javascript"></script> vois votre désir comme on voit une lumière qui s’allume à une fenêtre tout en haut d’un immeuble, dans le crépuscule approche cette première lumière, doucement, respectueusement, presque affectueusement, laissant tout en bas dans la rue l’animal et l’homme tirer sur leurs laisses et se montrer sauvagement les dents.

    B. M. Koltès, Dans la solitude des champs de coton

     


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