• The only people for me are the mad ones, the ones who are mad to lives, mad to talk, mad to be saved, desirous of everything of the same time, the ones who never yawn.

    Les seuls gens qui existent sont ceux qui ont la démence de vivre, de discourir, d’être sauvés, qui veulent jouir de tout dans un seul instant, ceux qui ne savent pas bâiller.

    Jack Kerouac, On the road


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    Sur mes cahiers d'écolier

    Sur mon pupitre et les arbres

    Sur le sable de neige

    J'écris ton nom

    Sur les pages lues

    Sur toutes les pages blanches

    Pierre sang papier ou cendre

    J'écris ton nom

    Sur les images dorées

    Sur les armes des guerriers

    Sur la couronne des rois

    J'écris ton nom

    Sur la jungle et le désert

    Sur les nids sur les genêts

    Sur l'écho de mon enfance

    J'écris ton nom

    Sur tous mes chiffons d'azur

    Sur l'étang soleil moisi

    Sur le lac lune vivante

    J'écris ton nom

    Sur les champs sur l'horizon

    Sur les ailes des oiseaux

    Et sur le moulin des ombres

    J'écris ton nom

    Sur chaque bouffées d'aurore

    Sur la mer sur les bateaux

    Sur la montagne démente

    J'écris ton nom

    Sur la mousse des nuages

    Sur les sueurs de l'orage

    Sur la pluie épaisse et fade

    J'écris ton nom

    Sur les formes scintillantes

    Sur les cloches des couleurs

    Sur la vérité physique

    J'écris ton nom

    Sur les sentiers éveillés

    Sur les routes déployées

    Sur les places qui débordent

    J'écris ton nom

    Sur la lampe qui s'allume

    Sur la lampe qui s'éteint

    Sur mes raisons réunies

    J'écris ton nom

    Sur le fruit coupé en deux

    Du miroir et de ma chambre

    Sur mon lit coquille vide

    J'écris ton nom

    Sur mon chien gourmand et tendre

    Sur ses oreilles dressées

    Sur sa patte maladroite

    J'écris ton nom

    Sur le tremplin de ma porte

    Sur les objets familiers

    Sur le flot du feu béni

    J'écris ton nom

    Sur toute chair accordée

    Sur le front de mes amis

    Sur chaque main qui se tend

    J'écris ton nom

    Sur la vitre des surprises

    Sur les lèvres attendries

    Bien au-dessus du silence

    J'écris ton nom 

    Sur mes refuges détruits

    Sur mes phares écroulés

    Sur les murs de mon ennui

    J'écris ton nom

    Sur l'absence sans désir

    Sur la solitude nue

    Sur les marches de la mort

    J'écris ton nom

    Sur la santé revenue

    Sur le risque disparu

    Sur l'espoir sans souvenir

    J'écris ton nom

    Et par le pouvoir d'un mot

    Je recommence ma vie

    Je suis né pour te connaître

    Pour te nommer

    Paul Eluard, « Liberté », Poésies et vérités.

     


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  • Tel qu'en Lui-même enfin l'éternité le change, 

    Le Poëte suscite avec un glaive nu 

    Son siècle épouvanté de n'avoir pas connu 

    Que la mort triomphait dans cette voix étrange ! 

     

    Eux, comme un vil sursaut d'hydre oyant jadis l'ange 

    Donner un sens plus pur aux mots de la tribu 

    Proclamèrent très haut le sortilège bu 

    Dans le flot sans honneur de quelque noir mélange. 

     

    Du sol et de la nue hostiles, ô grief ! 

    Si notre idée avec ne culte un bas-relief 

    Dont la tombe de Poe éblouissante s'orne, 

     

    Calme bloc ici-bas chu d'un désastre obscur, 

    Que ce granit du moins montre à jamais sa borne 

    Aux noirs vols du Blasphème épars dans le futur.

    Mallarmé, Le tombeau d'Edgard Poe

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  • No se como empezar. Te conocí en el Opium Streap Tease y me dijiste que te llamabas Harlem y también dijiste que te gustaba el whisky, las mañanas de sol y tantas otras cosas de las que no me acuerdo. Yo te dije que me llamaba Gary, Gary Gilmour y que acababa de morir en la silla eléctrica y no me creíste. Pensaste que estaba loco, que tal vez había bebido demasiado y te fuiste a la pista a sacarte tus ropas, a regar un poco de sudor aquí y allá mientras tocaban « Boys Don’t Cry » y yo pedí una cerveza y te vi allí desde la barra y me pareció que  olías un poco a « Boys Don’t Cry », un poco de mañana de miércoles. 

    Je ne sais pas comment commencer. Je t'ai connu à l'Opium Streap Tease et tu m'as dit que tu t'appelais Harlem et aussi tu as dit que le whisky te plaisait, les matins ensoleillés et tant d'autres choses dont je ne me souviens pas. Je t'ai dit qu’on m'appelait Gary, Gary Gilmour et que je venais de mourir sur la chaise électrique et tu ne m’as pas cru. Tu as pensé, il est fou, il a peut-être trop bu et tu es parti sur la piste retirer tes vêtements, faire couler un peu de sueur tandis qu'on jouait « Boys Don't Cry » et j'ai demandé alors une bière et t'ai vu là depuis le bar et il m'a semblé que tu sentais un peu ce « Boys Don't Cry », un peu de ce matin de mercredi.  

    Rafael Chaparro Madiedo, Opio en las nubes


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    Poser le doigt sur un 

    corps humain

    c’est toucher

    le ciel

    Poner un dedo sobre

    un cuerpo humano

    es tocar

    el cielo

    Novalis

     


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